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Le village est en deuil, son centenaire est mort.
On l’enterre aujourd’hui, alors qu’hier encore…
Fustigeant les soiffards, pourchassant les poivrots,
Les suppôts de comptoirs et piliers de bistrot,
Dénonçant les méfaits de l’alcool sur la terre,
Il était abstinent, abstinent volontaire.
Et c’était bien pour ça qu’il était centenaire,
Fidèle à son Crédo
Par jour trois litres d’eau.
Après de beaux discours vantant la qualité
D’une vie sans alcool… de sa longévité,
On s’avisa pourtant que feu le centenaire
Avait, et bien vivant, quelque part un grand frère,
Un vieil ours mal léché vivant en solitaire,
De sept ans son aîné
Qui, au fil des années…
Depuis cet armistice de mil neuf cent dix-huit,
Lui, prenait chaque jour de mémorables cuites.
Et qu’aujourd’hui bien sûr sans l’ombre d’un remord
À cent sept ans passés, pour conjurer le sort,
Plein comme une barrique, il était ivre mort
Fidèle à son principe,
À chaque jour sa cuite.
De ces deux centenaires que faut-il retenir ?
Quelle moralité, boire ou bien s’abstenir ?
Et pour vivre longtemps, faut-il être abstinent
Ou, sans soif, éponger à vie les excédents ?
Si bonne est la question
Quelle est la solution ?