image statue Mme Minal

          Monument à la mémoire de Madame Minal, sur la place de l’église, de Saint Romain de Benet, photo prise en 2009           

 

 Madame Minal 1836- 1917

  Un conte de fées au 19ème siècle



 

 
 

 

L

ouise-Héloïse DURIF , jeune fille d’une pauvre famille de Saint Romain de Benet[1], s’en alla chercher fortune à Paris au milieu du 19ème siècle, sous le Second Empire.

            Comme vous le savez, beaucoup de Charentais en firent autant à cette époque, tels Ernest Cognacq 1839-1928 né à Saint Martin de Ré fondateur de La Samaritaine et généreux mécène, Emile Gaboriau 1832-1873, né à Saujon, créateur du roman « judiciaire » et vedette du  feuilleton  populaire  dans « Le Petit Journal » en 1868.

            Louise DURIF, selon la tradition orale que m’ont transmise des vieilles personnes de Saint Romain de Benet dans les années 1980, devint une jolie mais sage petite danseuse dans un cabaret parisien et un bourgeois nommé Charles-Emile MINAL tomba amoureux d’elle … Elle exigea et obtint le mariage[2] plus tard, devenue veuve et ayant hérité de la fortune  de son mari, elle décida de revenir à Saint Romain de Benet.

             Ses parents la repoussèrent, jugeant qu’elle avait « fauté » en devenant danseuse … Mais avant de repartir -très triste- pour Paris, Louise  devenue très pieuse,  dota le «  Conseil de fabrique »[3] d’une grosse somme d’argent pour édifier deux coupoles remplaçant la toiture saintongeaise classique de l’église du XIIème siècle. Les travaux furent entrepris en 1901, elle avait 65 ans.

            Une plaque, à l’intérieur de l’église, honore ainsi la donatrice : En souvenir de la famille Durif, Madame Emile Minal fit don de la construction des deux coupoles de l’église de St Romain de Benet en 1901, Mr E. Robin curé de l’église à cette époque, sous la surveillance de Mr Fernand Lasne ingénieur.

             La vertu était devenue, avec la dévotion religieuse, une passion pour Madame Emile Minal.  C’est ainsi qu’ en 1913, âgée de 77 ans,  elle donna à la commune de Saint Romain un capital à faire fructifier pour doter chaque année, au mois d’août, une rosière. Une rosière était une jeune fille vertueuse à laquelle on décernait solennellement une couronne de roses et une récompense. La fête de la rosière est restée une tradition, toujours observée de nos jours par la Municipalité.   

           La donation permit aussi d’édifier l’important monument qui fait aujourd’hui, sur la place de l’église, le pendant du monument aux morts. Il représente une Saintongeaise en costume traditionnel avec une petite fille à son côté, le tout en belle pierre blanche de Crazannes.

            Sur le socle est gravée l’inscription suivante : legs de Madame Minal née Louise Héloïse Durifla généreuse donatrice le 10 février 19131836-1917.

           Mais parlons un peu de son mari, Charles-Emile, dit Frédéric Minal : il était né à Héricourt, en Haute Saône.

          Un musée y fut construit - inauguré en 1923 - grâce aux libéralités de sa veuvequi, sans enfants, après ses dons à Saint Romain, laissa la fortune (décidemment considérable) de son mari à la ville d’Héricourt, y compris ses collections de bijoux.

           Les portraits de M. Minal et celui de son épouse, peints par Ferrari à Paris en 1885, sont conservés dans ce musée d’Héricourt qui a, en 2009, noué une sympathique relation avec la commune de Saint Romain de Benet.

           Le conte de fées, vécu par une jeune fillede pauvre famille, n’est pas tombé dans les oubliettes.          

 

 

 

 

Jacques de LARQUIER

            



[1] Canton de Saujon 17600

[2] Comme Yvette Guilbert ( Le Fiacre) et ses gants noirs qui épousa M. Shiller, richissime ingénieur américain 

[3] On dirait aujourd’hui le Conseil paroissial




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